L'INDICATEUR N°1
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Les fenêtres de temps : Première partie
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À propos de musique et d'instruments... La question du Vivant
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LES FENÊTRES DE TEMPS (1)
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A propos de musique et d’instruments :
La relation existante entre le format des corps et la fréquence de leurs résonances est bien connue, tant pour les cordes, que pour les tuyaux, ou encore les lames, et ce depuis longtemps.
De même, le rapport entre le volume du corps sonore et la hauteur des sons qu’il émet est clairement établi. La clochette avec laquelle on sonnait la bonne (ou que l’on utilisait autrefois pendant l’Élévation) ressemble en tous points au gros bourdon de la cathédrale, mais elle est bien plus petite ! Si je veux que la cloche sonne à l’octave inférieure, il me suffit d’en doubler le format. Si je veux qu'une corde sonne à l'octave plus grave, il me suffit de la rallonger du double, et si je veux que mon tuyau d'orgue sonne plus grave il me suffit de le rallonger lui aussi. Le rapport de fréquence de deux sons placés à l’octave l’un de l’autre est précisément de deux. D’une certaine manière, on pourrait dire qu’un son situé à l’octave en dessous d’un autre son va plus lentement, exactement de moitié : il vibre deux fois plus lentement, sa durée de vie est double. Cela se vérifie non seulement pour la fréquence (la hauteur), mais aussi pour la forme du son (son enveloppe, son évolution dynamique) : la forme est identique, mais son déroulement dans le temps est deux fois plus long. Il existe donc bien un paramètre déterminant simultanément la hauteur et la durée, une étroite relation au volume du corps sonore. Le basson n’est qu’un gros hautbois au son grave, les grands tuyaux d’orgue produisent des sons graves alors que les tout petits sonnent comme des sifflets. Les grandes lames du xylophone émettent des sons graves amplifiés par de longs tuyaux, nous pourrions ainsi multiplier les exemples à l’infini.
Tout cela, depuis Rousseau et les Encyclopédistes, est bien connu de tous ceux qui s’intéressent, de près ou de loin à la musique, à l’acoustique, à la facture instrumentale, et s’y entendent un peu…
En outre, les technologies “modernes” nous permettent, maintenant, de vérifier la chose en mettant en œuvre facilement ce que précisément, en studio, nous appelons “variation de vitesse” et que nous pourrions certainement nommer aussi “ralentissement ou accélération du temps”.
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Un même son de clochettes entendu à quatre vitesses
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Le son original dure 8 secondes. Lu à la moitié de la vitesse il dure 16 secondes et s’entend une octave en dessous. Le son original ralenti 4 fois dure maintenant 32 secondes et s’entend deux octaves en dessous. Le même son original ralenti 8 fois dure maintenant plus d’une minute et est entendu trois octaves en dessous. Chaque nouveau ralentissement nous fait entendre ce qu’un corps sonore produirait si à chaque fois nous doublions son volume.
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Mais les cloches, les cordes et les tuyaux ne sont que des corps morts auxquels nous insufflons, nous communiquons une énergie, d’une manière ou d’une autre. « Le son, sous-produit énergétique d’un système… », me disait un physicien. A quoi je répondais que le son, tel que nous l’avons décrit jusqu’ici, n’est qu’une aspiration au silence. C'est juste une simple expression de la volonté de ce corps inerte, devenu sonore parce qu’on l’a dérangé, à retrouver son équilibre premier : l’immobilité et le silence auxquels il aspire tant.
Mais qu’en est-il si j’aborde la question du vivant ?
Entendons ici par vivant ce qui génère spontanément du son, de sa propre initiative Non pas mis en vibration par un élément étranger, mais avec sa propre énergie… Nous-mêmes, qui chantons et parlons, mais aussi les animaux au premier rang desquels je place bien sûr les oiseaux.
Plus l’animal est petit, plus son chant est aigu (à de très rares exceptions près qui souvent se justifient facilement).
Plus l’animal est gros, plus son chant est grave (il y a toujours quelqu’un qui, pour me mettre en difficulté, me rétorque que les baleines chantent aigu… Je réponds, afin d’obtenir le silence et continuer tranquillement mes spéculations, que le milieu aquatique change tout, et j’obtiens le respect, au moins pour un instant !).
Tant qu’il s’agit d’un cri ou d’une alarme d’oiseau, je perçois de simples sons, aigus ou graves, et je remarque aussi que les enveloppes de ces sons (leurs formes dans le temps) s’allongent au fur et à mesure que l’on descend vers le grave. Je reste ainsi dans la logique des corps que nous observions à l’instant. Mais lorsqu’il s’agit du chant de l’oiseau, j’observe que la durée de la phrase allonge ou rétrécit avec le format de l’individu. Et que surtout, son tempo en subit les conséquences.
A cet instant se pose à moi une première grande interrogation.
Je suis surpris, par exemple, de constater qu’un Coucou pèse 8 fois plus qu’une Mésange charbonnière…Ce qui veut dire, en termes de format que le Coucou est 3 fois plus gros. Cela sous-entend aussi qu’il devrait sonner 3 octaves en dessous. Je fais l’expérience en studio, et globalement, je vérifie l’hypothèse ! Je pourrais en conclure qu’il a appris le chant de la mésange dont il avait squatté le nid, mais je m’en garde bien car les Coucous élevé par les rousserolles ne ralentissent pas le chant de leurs parents adoptifs ! Quant aux mésanges il est rare qu’elles soient parasitées par le coucou (La nature nous révèle certaines de ses lois fondamentales et préserve une part au mystère, heureusement).
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Le chant du Coucou d’Europe Cuculus canorus
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à suivre... d'ici quelques jours
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Chaque numéro de L'INDICATEUR accorde en pied de page un espace à la présentation du travail d'un audio-naturaliste remarquable.
Aujourd'hui : Denis Wagenmann
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Nous sommes honorés que Bernard Fort convie notre site « Les Chemins Sonores » à figurer dans sa revue « l’INDICATEUR ».
Après nous avoir formé aux techniques d’enregistrements naturalistes, il nous incite par ses encouragements à poursuivre nos recherches par la publication d’articles et de prises de sons qui forment la trame du projet éditorial des « Chemins Sonores ».
Ce site s’inscrit dans une démarche « d’écologie humaniste », en participant à la prise de conscience que l’homme, sans une étroite relation avec la nature, n’est qu’un esquif à la dérive. A son échelle, il se veut aussi être un miroir de la beauté du vivant, sous toutes ses formes musicales, picturales ou poétiques.
Denis Wagenmann
« Hier encore vous voguiez au rythme de la mer mouvante,
Et vous étiez sans être ni rivage. Puis le vent, le souffle de la Vie, vous a tissés…
… Si tu chantes la beauté même seul au cœur du désert, tu trouveras des oreilles pour t’écouter ! »
Khalil Gibran
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