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L'INDICATEUR N°20
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La Grive solitaire Catharus guttatus
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Ce qui est passionnant dans les travaux de bioacoustique, c’est de voir des femmes et des hommes touchés par leurs propre recherche, emportés dans des espoirs de conversations, à force de saisir ces systèmes sémiotiques. À mesure qu’ils apprennent ils acceptent cependant que toute une partie du monde sensible leur échappe, que chaque espèce (et même chaque individu) ait un monde sensoriel propre et perçoive les choses autrement, ils s’émerveillent de ces versions du monde qui se mêlent, s’ignorent, s’interceptent.
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Marielle Macé : Une pluie d'oiseaux
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Il y a bien longtemps déjà, j’écrivais, en première page de mon site : Le chant de la Grive solitaire, c’est l’émotion musicale à l’état pur ! Le côté désolé, la fragilité du timbre, le contour mélodique, la souplesse rythmique, la structure de l’ensemble, tous les paramètres de son chant conduisent à une écoute musicale.
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Puis je rajoutai : J’ai peine à croire à une stricte fonctionnalité des merveilles de la Nature.
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POURQUOI LA GRIVE, POURQUOI CET OISEAU ?
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Lorsque, à l’invitation de l’Université de Musique de Montréal, je débarquais pour la première fois à l’aéroport de Mirabel, je ne savais pas encore que j’y reviendrais une dizaine de fois, pour arpenter les forêts canadiennes et donner de multiples concerts dans les villes du Québec.
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Tout d’abord, louer une voiture, pour m’extraire des bruits de la ville et rechercher un relatif silence, afin d’enregistrer. Première destination le Parc National de Saint Bruno, dans les Collines Montérégiennes, à quelques kilomètres seulement de la grande métropole de Montréal. Mais c’était sans compter avec la présence d’un aéroport tout proche, et dès lendemain, j’allais conquérir d’autres espaces plus calmes : le Mont Saint Hilaire (devenu familier comme mon propre jardin), les îles de Sorel, la Verendrye, les Laurentides, Forillon, Ashuapmushuan, l’ile Bonaventure… L’île d’Orléans…
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Ma première rencontre avec la Grive solitaire, eut lieu à Saint Bruno. Tout début du mois de mai, sur un sol encore gelé de la nuit fraiche, je découvrais de nouveaux paysages sonores, à la fois familiers et tellement inconnus ! Familiers parce qu’ils semblaient s’organiser, s’équilibrer de la même manière que le sont nos paysages européens, et inconnus car quasiment tous les chants qui se présentaient à mon oreille étaient nouveaux : des mésanges bien sûr mais pas celles dont je connais si bien les chants, des merles, oui ! mais des Merles d’Amérique ! Des bruants, des pinsons, des fauvettes bien entendu, mais là encore de nouvelles signatures sonores auxquelles il me faudrait trouver les noms exacts. Et ces interrogations : « l’oiseau que j’enregistre est-il fréquent, ordinaire ou rare ? Qui mérite le plus mon attention alors que tout est nouveau ? Qui sont ceux qui disent le mieux ce paysage que j’explore pour la première fois ? Lorsque tout est inconnu et nouveau on se sait plus où donner de l’oreille !
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L’université de Musique de Montréal (je ne remercierai jamais assez Marcelle Deschêne pour cette invitation…) attendait de moi une création musicale. Et moi je voulais si possible composer une pièce qui serait véritablement québécoise, pas une simple pièce que j’aurais pu composer n’importe où ! (pourquoi traverser l’océan pour m’enfermer dans un studio quasiment identique au mien ?). Je décidai donc de travailler sur à partir de sons qui manifestent leur origine : des chants d’oiseaux que l’on ne trouve qu’ici, en Amérique du Nord.
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Et pour cela, il me fallait réaliser de réels portraits sonores, une petite Galerie de Portraits qui, de retour en studio, deviendraient la matière même de mes compositions.
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Et le premier oiseau qui se présentait était une Grive solitaire, mais je ne la savais pas encore.
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Immédiatement, ce chant d’abord entendu de loin, s’imposa à moi comme une signature du lieu. Je l’avais déjà repéré dans certains disques de Jean Roché, dans le cadre de nos fameux Concerts d’Oiseaux, et j’en appréciais particulièrement le timbre fragile, diaphane, mystérieux, presque multiphonique.
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L’oiseau, visible, était perché au sommet d’un arbre encore peu feuillu, c’était une grive à n’en pas douter, si proche visuellement de nos grives européennes. Je me plaçais à l’aplomb, la parabole orientée vers le ciel, et je tournais un long et magnifique solo de plus de 20 minutes. J’étais fasciné par la magie ce chant, et je me jurai de ne pas bouger d’un iota tant que ce chant durerait.
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Cela faisait déjà 10 minutes que j’enregistrais lorsque j’entendis s’approcher de loin un vol de Bernaches… que je pris, dans un premier temps, pour des cris d’enfants en train de jouer. Totalement investi dans l’enregistrement de ma grive je m’interdisais de bouger et continuais comme si rien n’était. Et là que je vis, au travers du réflecteur de ma parabole, toute une troupe d’oiseaux qui passait, très haut dans le ciel, jusqu’à me proposer un son d’une grande précision, pile à l’aplomb de mon micro ! Si j’avais voulu reconstituer la scène en studio, je n’y serais pas arrivé aussi bien.
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Par la suite, j’enregistrais de nombreux autres individus, tous identiques et pourtant très variés, qui me permirent de vérifier la structure de ce chant et de tenter d’en comprendre la musicalité.
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La Grive solitaire est physiquement très proche de toutes les grives, reconnaissable à son plastron grivelé. Elle est commune dans les forêts mixtes de toute l’Amérique du nord, d’un océan à l’autre, et son chant est considéré comme l’un des plus beaux de ces régions. Elle migre dans le sud, souvent dans les pays d’Amérique centrale, nous y reviendrons. Plusieurs amis ornithologues m’ont cependant signalé qu’elle a une nette tendance à se raréfier depuis quelques années.
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Dessin de Serge Nicolle pour la pochette du CD
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RALENTIR LE CHANT DE LA GRIVE SOLITAIRE
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Comme à mon habitude je savais que de retour en France, dans la solitude du studio, mes premières expériences consisteraient à ralentir certains chants pour y découvrir des merveilles.
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Aussi, un soir, je lançais le ralenti de ma plus belle Grive solitaire, certain que le lendemain, à mon arrivée au studio, je découvrirais une perle… (En 1995, pour obtenir un ralenti numérique de qualité il fallait une nuit de calcul !)
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Et, au petit matin, la perle m’attendait.
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A l’écoute de ce chant, ralenti de deux octaves (donc quatre fois plus lent), je découvrais une incroyable mélodie. Cela tenait à la fois de la flûte des Andes mais bien plus doux et rond, d’un profil mélodique plaintif et à peine juste. Je tenais là, sans autre manipulation du son, la matière première d’une future composition.
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L’esprit du chant m’imposait le respect et m’interdisait toute intervention autre que la valorisation de l’objet, tel quel.
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Fortement impressionné par le caractère “humain” de ce que j’entendais, et me trouvant face à un objet mystérieux, qui ne me disait pas tout, qui sans doute me cachait quelque chose de fondamental, je décidai de soumettre ma trouvaille à un ami, grand spécialiste des musiques sud-américaines, Jean-Michel Cayre que je salue au passage. Je recopiais un extrait de mon ralenti sur une cassette audio de piètre qualité et lui annonçait, sur un petit mot rapidement gribouillé, que j’avais fait cet enregistrement à la radio, qu’il s’agissait sans doute de la fin d’une émission et que si la chose m’avait fortement impressionné j’étais en revanche incapable de dire de quoi il s’agissait. Je serais curieux qu’il me donne son avis sur la chose, et qu’il m’indique, si possible, de quoi il s’agissait et où trouver cet enregistrement intégral. Je jetai la cassette dans sa boîte aux lettres, accompagnée de sa “notice” et attendis patiemment une réponse.
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Quelque temps plus tard, sans répondre à toutes mes interrogations l’ami apporta quelques éléments à ma réflexion :
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- Pour moi, il ne s’agit pas d’un instrument de musique. Ce n’est pas une flûte ni un sifflet. C’est plutôt vocal… ou peut être quelqu’un qui siffle, mais pas avec un instrument… Et en tout cas avec une technique vocale particulière que j’ignore… certainement pas d’Amérique du sud… c’est plutôt du genre Amérique centrale… Où as-tu trouvé ça ? à la radio ?
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- Non, dans la forêt québécoise… le chant d’une grive… pas n’importe laquelle, et je l’ai ralentie… Et tu sais, lorsque l’on ralentit un son, on ne le transforme pas, on l’agrandit, on le regarde à loupe, c’est tout !
L’ami en question semblait dubitatif, partagé entre l’admiration et la perplexité face à celui qui, peut-être, l’entourloupait.
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Du Québec à l’Amérique centrale… pourquoi pas. Il m’en fallait plus. Je me renseignais sur les mœurs de la Grive solitaire auprès de l’Université de Musique de Montréal qui m’avait invité pour ce séjour d’enregistrements : j’apprenais que la Grive solitaire vit en Amérique du Nord, du printemps à la fin de l’été, puis rejoint le Sud à l’automne pour séjourner en Amérique centrale, du Panama au Costa Rica…
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TENTER L’ANALYSE DU CHANT
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Comme nous l’avons fait pour l’Ibijau dans le numéro précédent, tentons de faire une “analyse musicale” du chant de cet oiseau, c’est-à-dire une analyse fondée sur nos valeurs de hauteurs (nos systèmes de gammes), de rythme (notre écriture mesurée) et d’intensité (notre système de notation des nuances).
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Pour cela l’étude se fait sur un extrait ralenti du chant de la Grive solitaire discrètement doublé au piano.
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Encore une fois, je tiens à dire que ce n’est pas uniquement sur des critères civilisés que peut se fonder notre appréciation de la beauté des chants… mais nous reviendrons sur ces questions dans un prochain numéro qui, précisément tentera de faire un peu la part des choses.
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Il est difficile de considérer ce qu’est une phrase complète dans le chant de la Grive solitaire : en effet, l’écoute et la lecture de la partition montrent que ce chant est constitué de la répétions de quatre courts “éléments” d’une construction à peu près identique mais chacun placée sur un degré différent de la gamme.
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Ici l’exemple nous propose une suite de deux fois quatre éléments (notés éléments 1 à 4), la suite de la séquence continue avec les mêmes logiques. Tout me laisse donc à penser qu’une phrase est longue et comprend l’énumération de quatre éléments.
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- Chaque élément débute par une notre assez longue et d’une durée quasiment toujours identique. Si nous les considérons les unes après les autres, nous constatons que ces quatre notes constituent l’arpège d’un accord parfait Sol#, SI, MI (dont la tierce n’est pas toujours juste, ce qui est classique dans les musiques fondées sur des gammes “non tempérées”, et peut nous faire hésiter entre le mode Majeur et le mode mineur). De plus il nous faut toujours tenir compte du fait que les oiseaux, à la différence de nos propres pratiques, chantent très souvent des notes dont la hauteur est mobile.
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Cet arpège semble donc se répéter à l’infini, mais avec cependant quelques variations sur la manière de présenter l’accord : en effet certaines fois, l’ordre des notes reste le même mais l’une d’entre-elles passe une octave plus haute que la première fois (c’est le cas pour la grive de l’exemple sonore précédent enregistré avec les Bernaches).
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De même, dans la deuxième série, la dernière des quatre notes pivots un SOL dièse la première fois est ici presque un LA ce qui manifeste cette absence de fixité absolue des fréquences comme nous l’avons déjà signalé.
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Nous obtenons donc un accord LA, SI, MI qui est loin d’être parfait !
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- L’organisation générale semble toujours la même et l’écoute prolongée du chant de ce même individu nous montre que nous tournons toujours autour de ce schéma harmonique.
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- Dans ces arpèges autour desquels s’organise le chant de notre oiseau, ce n’est pas le MI (fondamentale de l’accord) qui débute la phrase, mais le SI qui se répète souvent (quinte de l’accord). Notons que la fondamentale (ou tonique) et la quinte (dominante) sont les notes principales de tout système de gamme.
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-Enfin, sur cette partition, pour des raison pratiques de lecture, nous n’avons pas pris sous dictée l’ensemble des notes qui constituent un élément, mais seulement les incipits (premières notes qui servent d’attaque à chaque élément). Cependant, il est facile de repérer à l’oreille que chacun de ces éléments semble constitué de la répétition plus ou moins variée d’un même motif mélodique. Notre écoute nous permet de vérifier que l’oiseau, qui chante sur une grille comme le font les jazzmen ou bluesmen par exemple, se complait dans des variations subtiles que lancent ces incipits.
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Composer avec une chant d'oiseau
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Dans cette vidéo issue d’une conférence enregistrée à l’Opéra de Lyon en 2015, je tente d’expliquer ma démarche à partir du chant d’oiseau comme unique matériau sonore et musical, puis, l’écoute de l’Étude Solitaire vous est proposée à l’écoute sans aucune image.
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Enfin, avant de clore ce chapitre consacré à un oiseau emblématique du Québec, voici un lien à Fragments que nous propose le compositeur audionaturaliste Thibaut Quinchon (voir INDICATEUR N° 6).
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C'est ici autre manière d’entendre, de comprendre, et de faire chanter les grives !
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Fragments est un album de musiques électroacoustiques principalement composé de paysages sonores du Québec occasionnellement modifiés artificiellement. Toutes les ventes vont directement à un organisme de conservation nommé :
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Chaque numéro de L'INDICATEUR accorde en pied de page un espace à la présentation du travail d'un audio-naturaliste, d'un artiste ou encore d'une personnes jouant un rôle remarquable dans cette discipline:
Aujourd'hui : Serge Nicolle
Un dessinateur naturaliste à qui je dois presque toutes mes pochettes de disques et à qui j'emprunte si souvent des images!
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Serge NICOLLE peintre animalier
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Mon métier de peintre animalier m’a permis de concilier mes passions : nature, voyages, dessin. En ce qui concerne les oiseaux, tout commence par le terrain où les dessins et aquarelles faits dans la nature constituent l’essentiel de ma documentation.
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C’est souvent grâce à ses émissions sonores que se fait le premier contact avec un oiseau, particulièrement en forêt. Le but alors est de trouver le chanteur, ce qui n’est pas toujours une mince affaire, notamment en forêt tropicale qui abrite des espèces très discrètes. Certaines comme les Brèves en Asie ou les Grallaires et les Tétémas américains passent leur vie au sol, d’autres ne quittent guère la canopée. L’utilisation d’une longue-vue est indispensable pour voir des détails dans la faible luminosité inhérente à ces milieux fermés. Quelle émotion de découvrir dans cette silhouette sombre, le plumage éclatant d’un Trogon ou, au contraire, de pouvoir détailler les nuances d’oiseaux ternes comme les Bulbuls africains, par exemple.
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Les aquarelles de terrain sont la base de ma documentation, elles sont aussi les traces des merveilleuses rencontres, parfois uniques avec les animaux. Par exemple, je me souviens d’un beau chant entendu dans la forêt de Taï, en Côte d’Ivoire, dont je n’avais pu découvrir l’auteur. Quelques temps après, toujours dans ce même pays, je me trouve dans la réserve de Lamto en compagnie de l’ornithologue Lincoln Fishpool. J’entends à nouveau ce chant. Muni d’un micro directionnel, Lincoln l’enregistre et le repasse, aussitôt, l’oiseau apparaît à découvert, me laissant le loisir de le dessiner, il s’agissait de l’Agrobate du Ghana.
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Une autre rencontre inoubliable faite lors d’un voyage avec l’agence Birdquest et son guide, Hannü Jannes, dans le nord-est de l’Inde, à la recherche du Garrulaxe des Buguns, une espèce découverte en 2006. L’oiseau est entendu le long d’une piste puis se déplace plus loin. Le groupe tente de le suivre, je décide de rester au premier endroit. Bien m’en prends, je vois le Garrulaxe revenir et rentrer dans la végétation en face de moi, invisible. Quelques secondes plus tard, il plonge en contre-bas et j’ai la chance de le voir se poser dans une trouée, à travers le feuillage, et rester immobile. Le groupe revient et peut l’observer un moment pendant que j’en profite pour le dessiner.
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Outre ces rencontres exceptionnelles, ce métier m’a conduit à connaître de nombreuses personnes passionnantes, dont Jean Roché qui m’a demandé des dessins pour les pochettes de cassettes audio puis de CD-Rom qu’il éditait. Je connaissais son travail par les disques sur les oiseaux d’Europe qui me rendaient bien service. Ce fut le début d’une longue coopération unissant le son et l’image, et la naissance d’une amitié qui dure toujours… Je luis proposais quelques esquisses sur le thème donné, une fois la maquette choisie, je passais à la couleur en me basant sur mon travail de terrain.
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Je n'ai pas de site mais on peut voir la plupart de mes dessins de terrain sur
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