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Le Loriot d’Europe
Oriolus oriolus
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Le merle d’or en français. L’appellation oiseau d’or, Loriot, remonte au latin aureolus qui signifie doré. Son nom latin : oriolus évoque donc la couleur jaune d'or de son plumage et nous rappelle, dans le même temps, le profil de son chant souvent écrit “loio, didelio”.
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On le nomme Oropendola en espagnol (plume d’or), Rigogolo (de couleur jaune d’or) en italien, Oriol en anglais et Pirol ou Goldamsel (merle doré) en allemand.
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En effet, le Loriot mâle a les ailes et la queue noire alors que tout le reste est d’un jaune éclatant.
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C’est de cette appellation Oriole assez répandue que Linée tira l’appellation scientifique du genre Oriolus le Loriot d’Europe devenant Oriolus Oriolus
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Le chant du Loriot d'Europe est particulièrement flûté, clair, sonore et mélodieux. Il est assez facile à imiter pour l'homme du fait d’une tessiture proche de la nôtre. Rendu vulnérable par ses couleurs éclatantes l’oiseau se cache dans les feuillages au plus haut des arbres et s’observe très rarement au sol. Son chant est donc l'indice de présence le plus sûr, bien avant de le voir. Un chant souvent décrit comme une série de quatre notes ascendantes et descendantes pouvant être interprétées phonétiquement comme "didelio" avec des variantes "didlia-didlio" (voir le sonagramme en tête de notre numéro ou la bande ci-dessous).
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Cette ritournelle, qui ressemble tant à son nom vernaculaire, est émise dès le mois de mai par le mâle à intervalles répétés.
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Il est impossible de l’oublier quand on l’a entendu sur place… Loin d’un simple sifflement, c’est ici un son très vocal reconnaissable entre tous par la qualité de son timbre unique chez les oiseaux.
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La tessiture, d’un oiseau à l’autre, varie assez peu (j’ai cependant pu observer des différences d’une tierce entre deux individus, de régions éloignées…).
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Notons aussi que les Loriots, quelques fois, chantent en couple et que le mâle apprend lui-même le chant à ses enfants, d’une manière autoritaire !
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C’est ce que Jean Roché nous démontre ici dans cet extrait du coffret Jean Claude Roché Audionaturaliste édité chez Frémeaux et associés.
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DES COMPORTEMENTS BIEN PRÉCIS
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Une fois n’est pas coutume relisons ce que nous en disent deux ornithologues de premier plan : le Comte de Buffon dans son Histoire Naturelle puis Paul Géroudet dans son ouvrage consacré aux passereaux d’Europe.
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Lorsqu’ils arrivent au printemps, ils font la guerre aux insectes et vivent de scarabées, de chenilles, de vermisseaux, en un mot de ce qu’ils peuvent attraper ; mais leur nourriture de choix, celle dont ils sont le plus avides, ce sont les cerises, les figues, les baies de sorbier, les pois, etc. Il ne faut que deux de ces oiseaux pour dévaster en un jour un cerisier bien garni. Dès le mois d'août, le jaune commence déjà à paraitre sous le corps; Ils ont aussi un cri différent de celui des vieux; ceux-ci disent yo, yo, yo, qu'ils font suivre quelques fois d'une sorte de miaulement comme celui du chat ; mais indépendamment de ce cri, que chacun entend à sa manière. Ils ont encore une espèce de sifflement, surtout lorsqu'il doit pleuvoir, si toutefois ce sifflement est autre chose que le miaulement dont je viens de parler.
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Une fois n’est pas coutume relisons ce que nous en disent deux ornithologues de premier plan : le Comte de Buffon dans son Histoire Naturelle puis Paul Géroudet dans son ouvrage consacré aux passereaux d’Europe
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Lorsqu’ils arrivent au printemps, ils font la guerre aux insectes et vivent de scarabées, de chenilles, de vermisseaux, en un mot de ce qu’ils peuvent attraper ; mais leur nourriture de choix, celle dont ils sont le plus avides, ce sont les cerises, les figues, les baies de sorbier, les pois, etc. Il ne faut que deux de ces oiseaux pour dévaster en un jour un cerisier bien garni.
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Au sujet des jeunes : Dès le mois d’août, le jaune commence déjà à paraître sous le corps ; ils ont aussi un cri différent de celui des vieux ; ceux-ci disent yo, yo, yo, qu’ils font suivre quelquefois d’une sorte de miaulement comme celui du chat ; mais indépendamment de ce cri, que chacun entend à sa manière. Ils ont encore une espèce de sifflement, surtout lorsqu’il doit pleuvoir, si toutefois ce sifflement est autre chose que le miaulement dont je viens de parler.
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Onomatopées et mimologismes chez Paul Géroudet :
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Nous ne possédons qu'un seul représentant de cette famille, dont la plupart des espèces habitent la zone tropicale de l'Ancien Monde, et surtout l'Afrique.
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Dans les couronnes feuillues des chênes, le sifflement du Loriot semble exprimer une gaieté insouciante : didedio ... didlio ! Invisible dans les vertes frondaisons, il traversera peut-être d'un vol rapide un espace libre, révélant alors son splendide plumage jaune d'or contrastant avec le noir des ailes et de la queue cette dernière marquée de coins jaunes.
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Sa taille est celle d'une Grive ou d'un Merle.
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Il mange des araignées et des petits mollusques, mais dès que, les cerises mûrissent, il recherche les vergers et se délecte de la chair de ce fruit, laissant souvent le noyau à la queue ; d'autres fruits sucrés et des baies font ses délices en été et en automne : mûres et framboises chez nous, figues et dattes en Grèce et en Arabie.
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L'éclat de sa voix a été traduit en toutes langues par de mélodieuses onomatopées. Il est assez facile d'imiter en sifflant ce chant du mâle, composé la plupart du temps de quatre notes flûtées : didelio ... dillio ... avec des variantes : didlia-didlio ... dideluo ... etc.
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Il retentit dès son arrivée. En juillet, il perd beaucoup de sa fréquence : on l'entend encore ici et là à la fin du mois et au début d'août. Près du nid, le mâle émet un babil plus intime, rappelant celui d'une Fauvette, peu sonore et rapide, entrecoupé de motifs plus flûtés. La femelle donne aussi un tsi-lo-hit un peu précipité et strident. Un cri caractéristique. mais sans harmonie, est un ouin ouin-hin-hin ... ou kréèk, ghèhèhè nasillard et étiré, que les deux sexes poussent fréquemment, surtout dans l'inquiétude. J'ai entendu des gouiouic perçants, peut-être des appels. On a mentionné aussi un chrrr rauque d'angoisse, un gagagaga dur et descendant d'alarme. Enfin un kie kie kiek ... vif, pareil à un cri de Crécerelle, quand il houspille un Epervier ou une Corneille s'approchant de son nid. On voit, d'après cette nomenclature incomplète, combien variées et expressives sont les émissions vocales de ce bel oiseau.
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LE LORIOT D'EUROPE EN MUSIQUES
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Comment ne pas évoquer en premier lieu Le Compositeur Olivier Messiaen qui consacre au Loriot une pièce très développée dans son fameux Catalogue d’Oiseaux pour piano.
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Olivier Messiaen cite aussi le chant du Loriot dans un grand nombre de ses autres compositions et lui consacre de nombreuses pages dans sonTraité de Rythmes, de Couleurs et d’Ornithologie. Souvenons-nous que Messiaen notait les chants d’oiseaux sur partitions en les prenant en directement en dictée sur le terrain !
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Voici quelques lignes consacrées au Loriot extraites de son Traité :
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Magnifique oiseau jaune et noir. Tête, manteau et poitrine : jaune d'or. Ailes noire Queue noire marquée de jaune aux coins. Les yeux sont teintés de rouge, le bec est rose. Ce qui frappe surcout c'est le jaune vif de la livrée, encore avivé par le contraste des ailes noires. Il est originaire d'Afrique, et quand il nous quitte en août, c'est pour rejoindre Grèce, puis l'Égypte, et prendre ses quartiers d'hiver au Kenya. Il aime les parcs avec grands arbres spécialement les chênes. On le trouve aussi dans les vergers, car il est très friand de cerises. Son chant est très caractéristique. C'est un sifflet sonore, flûté, legato, légèrement glissé, riche en harmoniques. Sa gaieté puissante vient de son caractère « majeur ». La joyeuse tierce majeure y domine. Je l'ai presque toujours entendu, noté et utilisé en mi majeur, avec la tierce sol dièse, mais aussi le la dièse et le sol bécarre. Une des formules les plus frappantes du chant consiste en deux neuvièmes descendantes, liées deux par deux :
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J'ai noté mon premier Loriot à Orgeval (dans la banlieue Parisienne). Puis j'ai noté les Loriots de la Branderaie de Gardépée, en Charente, dans le parc de l'ornithologue Jacques Delamain. J'ai encore entendu le Loriot à Pézenas (dans I'Hérault, chez l'ornithologue François Hüe. Mon plus beau souvenir du chant du Loriot, c'est celui que j'ai noté dans la chaleur et le silence de midi, au mois de juin, à l'entrée des « Maremberts », en Sologne, près de Salbris.
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Voici le commentaire que j'écrivais sur mon papier à musique : (c'était le 18 juin 1954) « Princier – royal ! Très coloré, très riant. Il y a le soleil d'Afrique et l'influence occulte d'une autre planète dans ce chant. Sifflé, glissé, tout est glissé ! Le timbre est étrange, doré, chargé en harmoniques. Tous les sons sont complexes. C'est éclatant, triomphant, à la fois lumineux et moiré. »
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Puis ce fut la révélation, l'émotion des quelques jours passés chez Jacques Delamain à la Branderaie de Gardépée en Charente, qui a donné naissance au « Loriot » (deuxième pièce de mon « Catalogue d'oiseaux » pour piano).
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Voici donc Le Loriot interprété ici par Pierre Laurent Aimard, incontestablement l’un des meilleurs ambassadeurs de la musique d’Olivier Messiaen.
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Treize Préludes au Catalogue d’Oiseaux d’Olivier Messiaen
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En 2014 pour un concert à Graz en Autriche au cours duquel plusieurs pièces du Catalogue d’’Oiseaux étaient donnée, puis en 2016 pour une intégrale du Catalogue à Dresde en Allemagne, Pierre Laurent Aimard me contacte pour me demander si je ne pourrais pas composer des tout petits préludes naturalistes de moins de trois minutes chacun, qui seraient proposés au public avant chaque pièce pour piano. L’idée m’enchantait, d’autant qu’elle me permettait de réaliser vieux projet discographique qu’avaient eu ensemble Olivier Messiaen et J.C. Roché.
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Lorsque Messiaen compose une pièce dédiée à un oiseau précis, cela ne lui interdit pas de citer quantité d’autres oiseaux qui constituent le paysage sonore dans lequel chante son soliste.
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Il prend soin d’écrire, en exergue de chacune des pièces du Catalogue d’Oiseaux, des petits textes qui introduisent l’auditeur, ou l’interprète, dans l’univers de la musique et le contexte dans lequel est entendu l’oiseau soliste.
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Voici donc ci-dessous l’exergue de la pièce consacrée au Loriot :
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Fin juin. Branderaie de Gardépée (Charente), vers 5 h 30 du matin - Orgeval, vers 6 heures - les Marembercs (Loir et Cher), dans le plein soleil de midi. Le Loriot, le bel oiseau jaune d'or aux ailes noires, siffle dans les chênes. Son chant, coulé, doré, comme un rire de prince étranger, évoque l'Afrique et l'Asie, ou quelque planète inconnue, remplie de lumière et d'arcs-en-ciel, remplie de sourires à la Léonard de Vinci. Dans les jardins, dans les bois, d'autres oiseaux : la strophe rapide et décidée du Troglodyte, la caresse confiante du Rouge-gorge, le brio du Merle, l'amphimacre du Rouge-queue à front blanc et gorge noire, les répétitions incantatoires de la Grive musicienne. Longtemps, sans se lasser, les Fauvettes des jardins déversent leur virtuosité douce. Le Pouillot véloce ajoute ses gouttes d'eau sautillantes. Rappel nonchalant, souvenir d'or et d'arc-en-ciel : le soleil semble être l'émanation dorée du chant du Loriot ...
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Une pièce dédiée au Loriot, tirée du
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Oropendola est le nom que prend le Loriot d’Europe en espagnol.
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Dans cette pièce, le Loriot d’Europe, enregistré dans la Dombes, se trouve confronté à un petit instrument à percussion au son semblable à celui d’une cloche dont on pourrait modifier le timbre en même temps qu’on le fait sonner : le kutu-wapa. Cet instrument semble, comme le loriot, capable de moduler le timbre d’une note unique jusqu’à permettre des phrases et un discours musical. En ce sens, le kutu-wapa s’apparente à la guimbarde.
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L’instrument est d’abord entendu de près, dans un jeu discret, alors que l’oiseau semble lui répondre au loin. Puis le jeu s’inverse avec l’arrivée du soliste au premier plan, accompagné de l’image sonore du printemps (coucou, merles, fauvettes, pouillots, rossignol, foulques etc.) l’instrument à percussion se contente alors de commenter la situation dans un halo de résonances cristallines.
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Chaque numéro de L'INDICATEUR accorde en pied de page un espace à la présentation du travail d'un audio-naturaliste, d'un artiste ou encore d'une personne ou d'une structure jouant un rôle remarquable dans cette discipline:
Fondateur et rédacteur en chef du site web 4-33mag.com
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consacré aux rapports entre musique et nature
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Il existe des musiques tournées vers le vivant
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D’accord, elles n’ont pas de nom ; d’accord, elles ne portent pas d’étiquette… mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, elles existent bel et bien ! Même si peu de médias en parlent, des milliers d’œuvres musicales ont en commun de se tourner vers le vivant. Elles prennent des formes très diverses, si diverses qu’on pourrait les croire opposées les unes aux autres. Pourtant, un lien fort les unit, celui qui relie leurs autrices ou leurs auteurs à leur environnement. Rapide tour d’horizon de ces musiques que certains qualifieraient volontiers de « naturelles », de « naturalistes » ou encore d’« écologistes », mais que le magazine 4’33 accepte de ne pas classer, de ne pas circonscrire…
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La première façon d’associer musique et nature, en France, au pays de Brassens et de Barbara, c’est d’évoquer les oiseaux, le vent et les roseaux dans les paroles de ses chansons. Beaucoup d’auteurs-compositeurs le font. Quelques noms saisis au vol ces derniers mois : le savoyard Ben Lupus, dont le premier album s’intitule « Forêts futures », les Toulousains de Djé Balèti, qui jouent sur leur calebasse électrique des hymnes à la bonne vie, l’exilée Françoiz Breut, qui ose une ode aux vers (« Entre la terre et l’argile / La microfaune se faufile / Au ras du sol, s’agite, agile »)… Ceux qui comprennent l’anglais feront bien de s’intéresser aux Canadiens de The Weather Station qui continuent avec le très récent « Humanhood » de faire rimer chaos planétaire et douleurs intimes.
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Une autre façon de réconcilier musique et nature est de sortir écouter ce que le monde offre comme mélodies et comme rythmes. Beethoven courait déjà les bois et en ramenait sa Pastorale, Messiaen revenait des prairies les bras chargés de cahiers de notes et des centaines de compositeurs les suivent aujourd’hui par monts et par vaux. Certains en reviennent avec des partitions, comme François-Bernard Mâche, Michaël Levinas ou Tristan Murail, que la flûtiste Anne Cartel et la pianiste Marie Vermeulin ont réuni sur un même album aérien, « Birds of a feather ». Audionaturalistes et artistes sonores en rapportent des enregistrements. Dans le désordre, quelques projets repérés ces derniers mois : Grant Cutler a mis en scène les mouvements des océans sur son nouveau disque, « Ocean with Spirit Patterns » ; Sébastien Gaxie est revenu de Guyane avec assez de matériel pour raconter la riche temporalité de cette forêt ; Félicia Atkinson a publié un album dont le titre sonne comme un manifeste : « Space as an Instrument » ; Mélia Roger a présenté l’une de ses œuvres, « Dear Phonocene », au Studio National des Arts Contemporains, à Tourcoing ; Philip Samartzis a collaboré avec des artistes aborigènes, pour une « écoute commune »...
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Cet intérêt croissant pour l'enregistrement de terrain (le « field recording » dans la langue de Shakespeare) ouvre de nouveaux imaginaires et déclenche de profondes réflexions. Autour de Brian Eno, de nombreux artistes s'interrogent sur la rétribution des animaux, des végétaux voire des éléments enregistrés. Ils ont donc obtenu que la déclaration d'une participation de l'artiste baptisé « NATURE » sur l’un de leurs titres génère des royalties pour la sauvegarde des écosystèmes menacés. Partout ailleurs, musiciens et artistes sonores avalent des livres (de Steven Feld, David Rothenberg, Jérôme Sueur, François Ribac, Vinciane Despret…) et se questionnent sur les notions d’écoute et d’attention. Paradoxalement, eux dont la fonction est de produire des sons ne devraient-ils se faire les gardiens du silence ?
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Ce survol du théâtre des opérations reste bien sûr superficiel. Ce n’est qu’une invitation à chausser ses bottes et à aller sur le terrain pour s’approcher du bouillonnement créatif du moment, s’y immerger et sentir ses oreilles s’ouvrir. Plus de 400 articles ont déjà été publiés sur www.4-33mag.com et des centaines d’autres restent à écrire. Faites de ce magazine votre port d’attache. Abonnez-vous à sa newsletter puis imaginez des itinéraires à travers ces musiques. Rejoignez le camp du vivant !
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