L'INDICATEUR N°27
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HOMMAGE À JEAN ROCHÉ
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Désormais il vous est possible de consulter ou de télécharger tous les numéros précédents de L'INDICATEUR.
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Pour cela rendez vous sur le site, à la page INDICATEUR, consultez la liste figurant en pied de page et cliquez sur le numéro vert correspondant en fin de ligne
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Depuis que le monde est monde, le jour se lève toujours quelque part, accompagné de l’immense clameur des oiseaux pour le saluer. Il y a dix millions d'années a débuté ce concert ininterrompu qui, depuis, tourne imperturbablement autour de la terre, indifférent aux temps, aux siècles qui passent et que comptent les hommes.
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Et ce premier avril 2025, les oiseaux du Monde entier ont perdu leur meilleur ambassadeur auprès des hommes.
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L’oeuvre de Jean Roché reste pour nous une énergie sonore inimaginable, sans autre ambition que celle de saluer le jour. Une perpétuelle louange à l’aube, à la lumière et à la vie.
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Hommage à
Au pionnier de l'Audionaturaliste
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Il nous est bien difficile de rendre un hommage complet, à la hauteur des mérites de celui qui a montré le chemin à tous les ornithomélologues, bio acousticiens audio naturalistes, éco acousticiens voire fieldrecorders qui depuis tant d’années écoutent, apprennent, enregistrent, étudient, analysent, recherchent, commentent et éditent les chants de la terre, nourrissent les sciences et la musique…
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Humblement suivons-le quelques instants sur ses premiers pas dans le métier …
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Extrait de son autobiographie:
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« … Dans cette nature provençale grouillante de vie, je découvre le monde fascinant des insectes et je lis avec passion les 10 volumes des “ Souvenirs Entomologiques » du grand entomologiste J. H. FABRE. J’essaye de refaire les mêmes observations que lui, sur le terrain…
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En 1945, de retour à Sèvres, dans la maison familiale quittée en 1940, la lecture d’un livre de Jean ROSTAND me donne envie de rencontrer l’auteur, je lui écris directement. Le savant biologiste répond, et m’invite dans son laboratoire de Ville d’Avray, rempli de dizaines d’aquariums et terrariums.
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Nous jouerons ensemble aux échecs pendant plusieurs années, chaque mercredi soir au Café de la Gare de Ville d’Avray.
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Dans les années 50 Jean ROSTAND me passe régulièrement des commandes de crapauds et de grenouilles pour ses expériences. Il m’encourage aussi à quitter la région parisienne et à aller observer la vie animale sur le terrain. Je décide de suivre son conseil. Avec l’argent gagné grâce à ces commandes, j’achète une caméra 16 mm Pathé-Webo, et j’abandonne mes études de psychologie en Sorbonne. Je pars filmer des scènes de la vie des insectes en Provence…
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J’atterris à Sainte Maxime, dans le Var, et m’installe l’année suivante à “Brenguéron”, un petit mas entouré de deux hectares, dans les collines du Plan de la Tour. Je filme pendant 3 ans et me lance aussi dans l’agriculture biologique, avec l’objectif d’être autosuffisant. Ce sera un demi-échec, mais une belle expérience.
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Revenu à Paris, je montre mes films à Jean PAINLEVÉ, qui dirige l’Institut du Film Scientifique. Il m’envoie participer au Festival du Film Scientifique de Paris, puis à celui de Bruxelles. J’obtiens un succès d’estime pour la beauté de mes images.
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Encouragé par mon père, François TRUFFAUT profite d’un séjour à Saint-Tropez pour venir découvrir mes films d’insectes, chez moi, à Brenguéron. Il les aime, et décide d’en faire le documentaire qui, gonflé en 35 millimètres sous le titre de “ Vies d’Insectes ”, sera le “documentaire” accompagnant le film “ Jules et Jim ” dans le monde entier.
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Je me lance alors dans la photo animalière, réalisant une série de diapositives sur les insectes, les batraciens et les oiseaux. En 1956, je les montre à Walter CARON, de PARIS-MATCH, qui décide de consacrer un article de dix pages à ce travail. Le maire de LA GARDE FREINET, Alfred MAX, fera de même dans sa revue REALITES peu après.
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Avec l’argent de ces articles, je décide de m’acheter un matériel de prise de son relativement portable, 80 kilos quand même : un enregistreur de 20 kilos, 2 rouleaux de 100 mètres de câble micro de ma fabrication, et un « acusector » pour avoir du courant 110 volts disponible.
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Le printemps suivant, en 58, je commence à enregistrer les oiseaux en Camargue et en Provence. A l’automne, je monte à Paris avec mes premiers sons, et sonne à la porte de tous les éditeurs de disques. Presque toujours mal reçu, je trouve cependant un accueil
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chaleureux auprès d’André CLERGEAT, directeur artistique chez PACIFIC. Quatre disques noirs, de 25 cm, seront édités en deux ans.
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Le premier : « Oiseaux en Camargue », se vend à près de 10.000 exemplaires dans l’année, et obtient le Grand Prix du Disque de l’Académie Charles Cros, catégorie documentaires. Trois autres disques sont publiés, mais bientôt PACIFIC disparaît, et aucun éditeur n’acceptera de prendre la suite. »
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Dans ce premier opus officiel, Jean Roché est à la fois le preneur de sons mais aussi l’auteur qui assure une mise en forme, le photographe qui réalise la pochette, le rédacteur des textes… tous ces éléments qui posent les fondements de ce que va devenir le métier d’audio naturaliste, de cette discipline qui n’a pas encore de nom.
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En cliquant sur la face A vous entendrez un large extrait du disque, et en cliquant sur la face B un extrait inédit d’entretien au sujet des moyens techniques des premiers temps.
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Premiers enregistrements de terrain.
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« Quand tu enregistres un oiseau pour la première fois, tu te souviens toute ta vie de ce chant, du lieu, de l’heure, de la situation, de la lumière, et définitivement tu sais reconnaitre son chant… »
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Ici, une Alouette de Clot Bey enregistrée dans le désert, et plus de quarante ans après, Jean se souvient .
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N.B. L’enregistrement proposé ici est directement tiré de la sonothèque et n’a subi aucun filtrage, montage ou autre manipulation, on y entend donc des sons parasites, des scènes de la vie, les commentaires que Jean faisait toujours en cours de prise de sons, lui permettant d’inscrire sur le support des renseignements capitaux pour la suite.
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Avec l’autorisation de son auteur, le dessin de l’Alouette de Clot Bey est signé de Serge Nicolle, lui qui a tant collaboré avec Jean Roché et à qui nous devons toutes les pochettes CD de la collection SITTELLE.
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Ci-contre une photo de l’un des placards métalliques (cages de Faraday) dans lesquels sont conservés les “Oiseaux d’Europe”. Ce sont des sélections réalisées à partir de copies d’originaux, quelques fois nettoyées par filtrages ou montage et utilisées pour l’éditions des divers guides sonores.
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Les classements sont faits par espèces. Logiquement les placards doivent être reliés à la terre, à température constante et à l’abri de la poussière… L’état de conservation de la sonothèque analogique de Jean est d’une qualité impressionnante, ce qui a été vérifié plusieurs fois, notamment lors des numérisations.
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Les prises de sons originales sont conservées dans leur intégralité sans montages ni filtrages, classées chronologiquement et par lieux, autant pour les bandes que les DAT.
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Voici un court extrait d’un concert naturel de l’aube enregistré en juin 1991 à Laffrey (Isère) chez Olivier Messiaen en lisière de bois au bord du lac de Petichet.
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Messiaen décède en 92, l’année suivante.
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Jean Roché, faisant cet enregistrement, pense sans doute encore au projet d’un disque qui aurait compris une face A avec le Catalogue d’Oiseaux de Messiaen et une face B permettant d’écouter les oiseaux du catalogue “au naturel”.
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Tous les deux en rêvaient, mais aucun éditeur ne s’est jamais lancé dans l’aventure…
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Cet enregistrement, réalisé en une seule prise de trente minutes environ, est issu de la sonothèque et n’a subi aucune modification.
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La parabole est stéréo mais le magnétophone est encore un Nagra à bande, alors que le DAT existe déjà depuis peu.
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N’oublions pas, dans ce premier hommage, cet esprit d’initiative qui a poussé Jean Roché à fonder sa propre maison d’édition SITTELLE dont l’imposant catalogue s’est très vite enrichi des productions de nombreux autres audionaturalistes qui, de nos jours, forment une véritable école audionaturaliste.
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C’est ce catalogue SITELLE qui, plus tard, constituera une base et un apport considérable au catalogue Frémeaux et Associés (comprenant de nombreux auteurs) et qui depuis ne cesse de s’enrichir de nouvelles productions : témoins les deux coffrets présentés ci-dessous.
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Enfin, n’oublions pas le rôle de formateur, largement son savoir-faire et son exigence de qualité via des actions de formation, mais aussi la distribution de matériel technique.
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Nous prendrons le temps de développer ce rôle particulier qu’à joué Jean Roché dans un prochain numéro.
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comprenant des chants et des commentaires de Jean Roché
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AJR: L'association Jean Roché
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L‘Association Jean Roché – AJR – a été créée l’été 2021 par son fils Nicolas, qui en est le Président, et par sa compagne Maryse, trésorière.
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Son objet est de protéger et diffuser les oeuvres ornithologiques de Jean Roché encore jamais commercialisées.
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AJR conserve les archives et les droits.
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Les Mini Sonothèques chez CHIFF-CHAFF
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ET POUR PROLONGER CET HOMMAGE
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Quelques liens vers des émissions de radio et lectures :
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