L'INDICATEUR N°9




Numéro Spécial Bibliographie/Discographie
invité : Desarsonnants

Un numéro spécial consacré à l’édition…

Aucune bibliographie ou discographie n’est exhaustive ou impartiale… Elles sont naturellement le résultat de sélections opérées en fonctions d’objectifs qui souvent sont pluriels : à qui s’adresse-t-on ? Que veut-on prouver ?

Celui qui se lance dans la constitution d’une anthologie prend le risque de tenir un discours voire parler de lui même ! Il en est souvent ainsi des commissaires d’expositions dont on se demande certaines fois s’ils se mettent au service des artistes ou s’ils ne tiennent pas un discours personnel au travers de la juxtaposition des œuvres sélectionnées par leurs soins…

Enfin, dans chaque bibliographie, des ouvrages brillent par leur absence, qu’elle soit volontaire ou résultante d’omissions, révélant encore tout de leur auteur.

Alors pourquoi se lancer dans cet exercice périlleux et risqué et sans doute critiquable ? Sans doute parce qu’il est avant tout une réponse au besoin de partager.

Les éditions consacrées à la Nature et aux diverses relations que l’homme entretient avec elle sont de plus en plus nombreuses, (pensons à la collection Mondes Sauvages éditée par Actes Sud) et les listes présentées aujourd’hui sont déjà sans doute obsolètes… aussi je me permets, en marge du document à télécharger, de mettre en avant quelques ouvrages récents qui m’ont beaucoup marqué.

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Que serait un territoire du point de vue des animaux ? Vinciane Despret mène l’enquête auprès des ornithologues.
Où l’on voit alors que, plus on étudie les oiseaux, plus les choses se compliquent. De nouvelles manières de faire territoire apparaissent, bien plus complexes que les ornithologues ne pouvaient l’imaginer. Et si ces manières n’étaient que du spectacle, des parades dont personne n’est vraiment dupe ? Et si ce n’était qu’un jeu, pour “faire semblant” ? Et si l’on prêtait attention au fait que les territoires sont toujours collés les uns aux autres ? Ne seraient-ils pas, alors, une façon pour les oiseaux de continuer à vivre ensemble en étant autrement organisés ?
Avec Vinciane Despret, oiseaux et ornithologues deviennent intensément vivants attachants. À l’issue de ce livre, on ne devrait plus considérer la notion de territoire comme allant de soi. Et l’on n’entendra peut-être plus de la même façon les oiseaux chanter

Les oiseaux sont étonnamment intelligents. Certaines espèces rivalisent avec les primates, et parfois même avec l’Homme, dans la perception de leur environnement et l’élaboration de solutions techniques complexes.

L’intelligence sociale des oiseaux est tout aussi impressionnante. Ils trompent, manipulent, écoutent à la dérobée ou savent exercer un chantage sur leurs parents. Ils se font des présents et s’embrassent pour se consoler, s’alertent mutuellement d’un danger et convoquent des témoins lors de la mort d’un pair. Ils peuvent même ressentir du chagrin. Le génie des oiseaux célèbre les exploits de ces créatures singulières et farouchement intelligentes.

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Ce que les scientifiques ont récemment découvert bouleverse notre vision traditionnelle de la manière dont les oiseaux communiquent, se nourrissent, se courtisent, se reproduisent et luttent pour leur survie.
Certains comportements sont extraordinaires et restent des énigmes biologiques : une mère qui tue ses propres enfants en bas âge, et une autre qui s'occupe de façon désintéressée de petits d'autres couvées comme s'il s'agissait des siens ; un oiseau qui collabore d'une manière extraordinaire avec une espèce - la nôtre - mais qui en parasite une autre de façon horrible ; des oiseaux qui dansent ou tambourinent, qui mettent en couleur leurs propres créations ou se colorent eux-mêmes...

A propos du disque :

Il peut sembler surprenant, à l'heure où le marché du CD est presque définitivement enterré, de s'attacher à la rédaction d'une “Discographie”.

Et pourtant, à nos yeux, et nos oreilles, le “disque” et non pas forcément le CD, reste l'objet sur lequel tant de compositeurs se projettent encore lorsqu'ils mettent en chantier certaines de leurs compositions.

Si nous revenons un peu en arrière, au temps des disques de cire, puis de vinyle, les enregistrements réalisés sur des supports gravés en 78 tours ne permettaient la reproduction que de moments choisis de quelques minutes pour chacune des faces du disque noir. C'est à l'avènement du 33 tours LP (Long Playing), que le paysage discographique change radicalement. A cette date, il devient possible de rassembler plusieurs morceaux dans un même disque (45 minutes en moyenne), et même d'y faire figurer des œuvres dans leur intégralité. C'est aussi à partir de là que des compositeurs, ou des éditeurs, se mettent à penser le disque comme un ouvrage à part entière : un album.

Et plutôt que compiler des œuvres pour constituer des albums, il devient possible de penser l'album à venir et de composer pour son format. Ainsi, le disque devient œuvre.

Plus tard le CD ne fera qu'augmenter la capacité du support en lui offrant aussi une qualité qui élimine les bruits de surface, une fiabilité plus grande, un indexage permettant d'aller droit à la plage recherchée, comme le permet la pagination d’un livre, et une table des matières nous permet enfin d'accéder au chapitre voulu.

Le disque, à la manière d'un livre, possède un titre. Il est constitué de chapitres qui eux aussi peuvent porter un titre et se détacher les uns des autres, tout en appartenant tous à un projet global : une unité sonore et artistique. Un album de chansons se présente alors comme un recueil de poèmes, un opéra comme un roman, un CD de paysages sonores comme un carnet de voyage…

La dématérialisation risque-t-elle de faire sauter cette conception de l’édition ? L'album comme unité composée doit-il disparaitre ? L'avenir le dira et trouvera sans doute des alternatives, non seulement dans les modes de diffusion de l'œuvre d'art, mais aussi dans la manière d'envisager sa conception. Nul doute que s'établira une nouvelle relation entre l'artiste et son (ou ses) auditeur (s), mais il est certain que de nos jours encore, chacun pense sa future édition sous la forme d'un album, alors même que nous savons qu'à terme, tous les éléments qui le constituent seront téléchargeables séparément.

Si le disque semble bien mort, et presque enterré, l'album, lui, pour le moment, se porte bien et continue à inspirer.

Avant d'aller plus loin dans cette discographie, je me permets de revenir sur ce livre qui précisément se propose d'être une discographie ! La seule, à ma connaissance, consacrée au Paysage Sonore avec cette triple entrée qui nous intéresse ici : les sons de la nature, le patrimoine sonore des hommes, la création artistique.

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Les cent disques à retenir sur la question du Field Recording (ou du paysage sonore). Il est toujours difficile de dresser le catalogue d'une bibliothèque ou discothèque idéale, et de ce fait, l'auteur termine l'ouvrage avec une grande listes d'autres CD à ne pas laisser de côté ! Ces 100 CD sont classés en trois catégories :

1- Capter les sons de la nature

2- Capter les musiques des hommes

3- Composer.

Le livre débute avec des entretiens réalisés avec trois personnages emblématiques de ces trois catégories .(Et pourquoi ne pas commencer à la page 230 ?)

Ici aussi, en marge du document à télécharger, quelques réalisations récentes qui méritent votre écoute, ouvrent des horizons, montrent la vivacité du concept “album”.

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Chaque numéro de L'INDICATEUR accorde en pied de page un espace à la présentation du travail d'un audio-naturaliste remarquable.

Aujourd'hui cette place est accordée à un site hors du commun : DESARTSONNANT, devenu en quelques années une références sur les activités d'écoute du paysage sonore, naturaliste ou non. C'est avec Gilles Malatray que tout commence, simplement en tendant l'oreille vers le son.

Desartsonnants, les choses étant ce qu’est le son.

Gilles Malatray est un artiste Français né en 1959, vit à Lyon.

Promeneur écoutant et pédagogue, il travaille depuis de nombreuses années autour du paysage sonore. Dans une posture associant des approches esthétiques, culturelles, artistiques et écologiques. L'écriture et la composition de paysages sonores sont fortement liées aux territoires investis, qu'ils soient ville, périurbain, milieu rural, espace naturel, site architectural... Ces problématiques occupent une position centrale dans la pratique Desartsonnante via la curation, la recherche, les écritures transmédiales, la formation et les interventions artistiques in situ. L'écoute environnementale, reste ainsi, quelle que soit la forme d'intervention convoquée, au centre de toute investigation et création sonore.

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Photos @Yuko Katori - CRANE Lab

Une approche esthétique, artistique, écologique, sociétale,

pour une géographie auriculaire partagée

Par exemple:

Arpenter, seul, à deux, en groupe, pour s’immerger, écouter, prendre un bain de sons, repérer les MAPs (Marqueurs Audio Paysagers), échanger, prendre le pouls acoustique du quartier… Et plus si affinité.

Expérimenter des PAS – Parcours Audio sensibles en marchécoutes, des postures d’écoute, trouver les bons Points d’Ouïe, là où ça sonne bien, où on s’entend et se sent bien…

Écouter, jeter une oreille curieuse et insatiable sur la ville, le quartier, la vie, de panoramiques en espaces intimes, scènes de la vie quotidienne ou événements festifs, paroles et ambiances... les contours auriculaires se dessinent à l’écoute, avec toujours une participation autochtone active.

Collecter, (re)cueillir, enregistrer… Garder trace et emmagasiner des matières sonores à retravailler, celles qui seront des éléments de récits à venir, in progress, in situ, in cité.

Écrire, réécrire. Écriture sonore, un nouveau paysage qui sonne, subjectif, comme tout paysage qui se respecte. Des paroles et ambiances tissées, entre repères et fictions, quotidiens triviaux et imaginaire déréalisant. Écritures multiples, sonores, textuelles, imagées, consignées en carnet de notes d’un résident audio arpenteur.

Donner à entendre, écoutez un peu pour voir !.

Une exposition audio-monstrative pour les oreilles, un parcours public effectué en live, des Points d’ouïe identifiés, inaugurés, cartographiés, signalisés… ? Un rendu contextualisé...

à l'écoute
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