L'INDICATEUR N°7
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Le Torcol Fourmilier et le Pic vert
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L'audio-naturaliste invité : Pierre Palengat
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La vie privée du Torcol fourmilier et du Pic vert
Voici une toute petite étude comportementale portant sur deux oiseaux fréquentant les même lieux et enregistrés dans le même arbre (un grand frêne), dans la vallée de Quint, cette petite vallée très calme du sud Vercors où j’ai la chance de consacrer du temps à l’observation et à l’écoute.
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Le Torcol Fourmilier Jynx torquilla
Le plus humble des oiseaux de la famille des pics, de plus en plus rare en Europe. Voilà un oiseau méconnu que l’on peut entendre au printemps, sans trop y prêter d’attention.
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Buffon nous en dit : “Cet oiseau se reconnait au premier coup-d’œil, par un signe ou plutôt une habitude qui n’appartient qu’à lui ; c’est de tordre et de tourner le cou de côté et en arrière, la tête renversée vers le dos et les yeux demi-fermés. Tout le temps que dure ce mouvement qui n’a rien de précipité, et qui est au contraire lent, sinueux et tout semblable aux replis ondoyants d’un reptile, parait être produit par une convulsion de surprise et d’effroi… ” C’est bien de ce comportement qu’il tire son nom de Torcol.
Plus loin, Buffon ajoute : “ Le Torcol se fait entendre huit ou dix jours avant le Coucou… Sur la fin de l’été, cet oiseau prend beaucoup de graisse, et il est alors excellent à manger ; c’est pour cela qu’en beaucoup de pays on lui donne le nom d’ortolan… Les chasseurs ne manquent pas de lui arracher la langue, dans l’idée d’empêcher que sa chair ne prenne le goût de fourmis…”
Le Torcol ne creuse pas son nid lui-même mais adopte ceux qui ont été délaissés, par le Pic vert notamment… ce qui explique sans doute leur présence alternée dans le même arbre... quasiment une saison sur deux!
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A mes pieds un petit ruisseau, nous sommes début mai, en fin de matinée, le Torcol est en place et chante, perché, de longues séquences. Paul Géroudet observe : “ Sa musique est bien primitive, mais il pousse ses strophes avec une telle conviction qu’il en frémit de tout son corps”
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Exactement au même endroit un couple de torcols, s'installe dans un grand frêne et tout autour dans la haie. Les oiseaux sont à la conquête de ce qui deviendra sans doute leur nid. Ils sont très mobiles, agités, nerveux, bruyants. Au loin, un troisième Torcol semble maintenu à distance.
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Ici le sonagramme montre une phrase de plus de 23 motifs (cela peut-être plus ou moins). Nous vérifions que le profil général de la phrase est ascendant (nous allons vers l’aigu progressivement) alors que chaque motif, pris individuellement, est descendant. Cette construction est fréquente chez nombre d’oiseaux, nous la retrouverons chez l'Alouette lulu par exemple.
Enfin, j'ai enregistré plusieurs fois des Torcols, en Sardaigne dans une exploitation de chênes liège, en Toscane sur l'ile d'Elbe dans un paysage de Macchia (sorte de garrigue haute) et tous ces Torcols sont accordés au même diapason. Je n'irais pas jusqu'à prétendre qu'ils ont l'oreille absolue... il faudrait considérer un plus grand nombre d'individus...
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Le pic vert Picus viridis
Le Pic vert, lui aussi, se nourrit au sol, et principalement de fourmis.
C’est l’un des rares pics à ne pas tambouriner. Cependant il peut, dans certains cas, émettre un tambourinage léger et discret d’une durée très longue alors que son chant et ses cris, émis par le mâle mais aussi la femelle, sont très sonores. À ce sujet, Buffon fait cette remarque intéressante sur son travail “à l’oreille” : “On dit qu’après quelques coups de bec, il va de l’autre côté de l’arbre pour voir s’il l’a percé ; mais c’est plutôt pour recueillir sur l’écorce les insectes qu’il a réveillés et mis en mouvement ; et ce qui parait plus certain, c’est que le son rendu par la partie du bois qu’il frappe, semble lui faire connaitre les endroits creux où se nichent les vers qu’il recherche, ou bien une cavité dans laquelle il puisse se loger lui-même ou disposer son nid”
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Les activités vocales du Pic vert ( il est sédentaire) débutent au cœur de l’hiver par des appels du mâle auxquels, de plus en plus, la femelle, éloignée, répond. Les enregistrements présentés ici ont été réalisés exactement au même endroit que ceux du Torcol... mais la saison précédente.
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Un matin au début du mois de mai. Dans cette séquence, servie par la résonnance de la frondaison, le pic chante, mais aussi “bricole” et, vers la fin de la séquence, fait entendre de très légers tambourinages.
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En mai, vers la fin du mois, en début de matinée. Un couple, au nid et autour du nid (extrait d’une longue séquence). Les oiseaux sont assez mobiles.
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Outre la beauté des chants de grillons (nous y reviendrons), le ralenti met en évidence encore une fois le caractère éminemment vocal des émissions du Pic vert… rles oiseaux ne sifflent pas : ils chantent.
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Pour nous aider à mieux comprendre le ralentissement, voici un petit tableau pour éclaircir les effets du ralentissement des chants. Les questions de vitesse ont été largement abordées dans les quatre premiers numéros de l'INDICATEUR toujours disponibles sur demande.
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Approfondir un peu:
Vous aurez sans doute noté que je me réfère très souvent aux écrits de Buffon.
Il y a quelques années, j'ai eu la chance d'acquérir, presque par hasard et pour une bouchée de pain, les dix volumes consacrés aux oiseaux par Buffon dans son HISTOIRE NATURELLE, et ce dans leur première édition aux imprimeries royales ! Ces ouvrages se lisent avec une grande facilité et nous apportent quantités d'informations, tant sur l'ornithologie en elle même, que sur l'évolution des répartitions d'espèces dans nos paysages, les coutumes et traditions liées à la chasse, notre alimentation, les croyances et superstitions, la taxonomie etc. Et ce au coeur du siècle des lumières, du travail des encyclopédistes, et des débuts de la “science moderne”. Certes notre manière de voir le monde animal a évoluée, mais c'est précisément à la fois la permanence et l'évolution de nos comportements qui méritent que l'on y prête attention.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86246116/f7.item
https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges-Louis_Leclerc_de_Buffon
Cet intérêt pour l'oeuvre de Buffon m'a conduit aussi à nourrir plusieurs expositions, pour le Jardin Botanique de la Ville de Lyon, ou encore le Musée Médard à Lunel:
https://www.museemedard.fr/en-vol-et-en-chant
De même, j'accorde un très grand intérêt aux écrits de Paul Géroudet qui, au milieu XXème siècle réalise un travail d'observation inégalé à ce jour. Les éditeurs ne s'y trompent pas et ré-éditent régulièrement cette somme passionnante, enrichie, il y a quelques années, par Michel Cuisin:
https://www.delachauxetniestle.com/recherche/geroudet
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Chaque numéro de L'INDICATEUR accorde en pied de page un espace à la présentation du travail d'un audio-naturaliste remarquable.
Aujourd'hui : Pierre Palengat.
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Pierre Palengat
LE STUDIO LES TROIS BECS
Enfant, vers six ou sept ans, j'ai appris à siffler avec le merle de mon jardin. Pour chanter, il se perchait dans le cerisier ou sur un fil électrique, et j'imitais systématiquement toutes ses strophes pendant les silences qu'il laisse entre deux... Le professeur était bon et l'élève appliqué : j'ai toujours été un siffleur, ça m'a même servi quelquefois dans ma vie de musicien ! C'était en banlieue parisienne, un quartier pavillonnaire, et l'oiseau nichait dans un aucuba, à deux mètres de la porte d'entrée. Chaque printemps, au moment où les petits merles sautent du nid mais ne savent pas encore voler, je les attrapais et les mettais à l'abri dans une boite à chaussures pour la nuit. Les chats étaient nombreux dans le quartier. Quand je les libérais le lendemain matin, très tôt, leurs parents les attendaient.
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Plus tard, j'ai découvert la revue naturaliste La Hulotte qui me passionnait et me passionne encore. Une revue qui mèle formidablement humour et « sciences naturelles ». En 1981, les ondes ont été libérées et des radios dites libres furent créées partout. J'ai foncé dans ce monde-là avec l'idée de faire comme La Hulotte à la radio. Deux ans plus tard je devenais animateur à Radio France avec le même objectif : raconter la vie des bêtes de manière attrayante mais scientifique, faire écouter des chants d'oiseaux...
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Après une quinzaine d'années de radio et d'émissions sur la nature, j'ai rencontré Jean Roché, le pape de la prise de son animalière en France, et suis devenu réalisateur de cd naturalistes pour les éditions Sittelle et quelques autres. En même temps, je devins passionné de prise de son de nature sans trop me douter que cela allait changer le cours de ma vie...
Après une vingtaine de cd naturalistes pour d'autres éditeurs, nous montions avec ma compagne Sylvie Garin une maison d'édition spécialisée dans les sons de nature : le Studio les Trois Becs (les Trois Becs sont les trois sommets de la forêt de Saou, dans la Drôme). Pourquoi pas ?
Voulez vous en savoir plus? cliquez sur le logo des trois Becs pour télécharger le document
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L'idée directrice de notre petite maison d'édition est que la connaissance de la nature est le premier pas vers sa protection. Il faut donc s'intéresser aux curieux de nature, aux enfants et aux débutants car dans le domaine des chants d'oiseaux, ce sont les premiers pas les plus difficiles. Les cd de nature n'étaient jusque-là que des catalogues de sons ou des disques d'ambiance, ce qui ne facilite pas l'apprentissage. Nous avons choisi de publier des ouvrages vraiment didactiques, des méthodes pour apprendre à reconnaître les chants d'oiseaux.
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Maintenant, nous avons une petite vingtaine de cd et livres-cd naturalistes pour les petits et pour les grands, et ce n'est pas fini !
Pour découvrir notre travail et notre catalogue, visitez notre site :
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