La troisième pièce, un extrait de “Han huhiin uyanga” nous propose un développement plus lent. Moins de virtuosité apparemment, et dans un registre plus grave, sur un instrument effectivement plus long et grave.

C’est ici que nous entrons dans la subtilité du vibrato alterné entre celui qui est généré par le souffle, et celui qui qui vient des doigts. Les notes sont “flexibles”, attaquées par dessus ou par dessous, leur hauteur est volontiers changeante. La nuance aussi est très subtile et mouvante à l’intérieur même de la note. Enfin, le glissando est fréquent, rendu possible par un instrument dépourvu de clefs et de plateaux, qu’ils soient creux ou pleins. Et pour servir ce jeu, la respiration circulaire est de nouveau convoquée, la musique respire elle même alors que la mélopée se développe dans un temps long et lent… on souhaiterait que tout cela ne s’arrête jamais…

“Han huhiin uyanga”

par Tserenbaljir Tsevegsuren

Mais Tsevegsuren s’arrête pour s’emparer du plus petit des instruments, celui que l’on pourrait baptiser piccolo

Le dernier morceau que m’offre Tsevegsuren se joue sur le plus petit des instruments. D’une certaine manière, c’est la suite du de la pièce précédente, telle qu’elle peut se manifester via le “Piccolo Limbe”.

Le jeu redevient virtuose.

Ici, le musicien n’est plus humain! il est oiseau lui même! Dire que la musique des mongols trouve ses fondements dans l’imitation des sons de la nature semble ici une évidence…Le modèle  naturel est s’y trouve sublimé.  Et mon écoute retrouve à la fois les ornements familiers de Luscinia Calliope, dans les attaques principalement, une étonnante souplesse dans la manière dont les trilles sont conduits mais aussi le tremblé et le glissé du son de l’Alouette des champs. Une petite minute de pur bonheur. Tout se passe dans l’infiniment petit du détail, dans la précision de la nuance, avec cette aisance, ce naturel sans efforts qui est le propre de l’oiseau.

Il est clair pour moi que dans les temps qui viennent, au printemps prochain pourquoi pas, avec le renouveau des chants, je me pencherais de nouveau sur cette offrande musicale avec le projet d’en extraire des variations, en hommage aux oiseaux mongols et à l’homme qui me les présente.

“Piccolo Limbe”

par Tserenbaljir Tsevegsuren