ATTENTION … “ET AUTRES CHANTS D’OISEAUX” SERA DONNÉ À LYON, DANS SA GRANDE VERSION, AU MUSÉE DES CONFLUENCES LE 12 FÉVRIER À 20H, EN ÉCHO À L’EXPOSITION: L’OISEAU RARE, DE L’HIRONDELLE AU KAKAPO
Nul besoin d’être spécialiste pour apprécier un chant d’oiseau, ou s’étonner d’une phrase d’un merle noir ou d’un rossignol. La nature vous ouvre les oreilles, elle est une voie royale pour accéder aux musiques les plus inouïes. Premier compagnon de cette nature qui nous environne, l’oiseau, de ses chants spontanés aux multiples variations, libre de toutes esthétiques, est musique intemporelle à l’état sauvage.
Oui, bien sûr, tout cela me semble évident et comme disait Messiaen : les oiseaux sont nos maîtres, écoutons-les, ils ont tout inventé … Effectivement ils nous ont appris la musique et leur présence y est manifeste. De la musique savante aux musiques populaires, des musiques traditionnelles aux musiques contemporaines… tout cela est évident… et a été déjà écrit 100 fois ! Mais dans le jazz ?
Je ne m’étais jamais posé la question jusqu’à une période très récente. L’oiseau peut-il lui aussi “contaminer ” les musiques de jazz ? Les nourrir ? Cela ne m’était jamais vraiment apparu lorsque les musiciens du collectif La Forge, installé à Grenoble, sont venus mes solliciter pour un projet de création qui associerait mes activités musicales et ornithologiques à leurs talents d’interprètes d’improvisateurs et de compositeurs. Le plus souvent, mes compositions se nourrissent directement du son enregistré des oiseaux, et ma relation aux instruments, et donc à l’écriture solfégique, est rare dans ma pratique musiconaturaliste. Aussi j’étais un peu dubitatif, inquiet, attentiste, tout autant qu’enthousiaste et impatient. Mais, c’était sans compter avec le talent des musiciens de la Forge tous trois instrumentistes, bien sûr, mais surtout compositeurs !
Deux autres musiciens ont été associés au projet : Guillaume Roy : alto et Jean-Marc Quillet : percussions, batterie, accordéon.
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Dès la première rencontre, leur première demande était : « fournis nous des enregistrements de chants tels que tu les travailles… tu peux aussi nous envoyer des ralentis comme tu les utilises dans tes propres musiques, fais-nous découvrir des choses ! ».
Aussi je m’empressais d’extraire de ma Galerie de Portraits Sonores d’Oiseaux quelques fichiers que je jugeais remarquables, soit pour la qualité mélodique et timbrique des chants, soit pour les rythmes, soit des percussions telles que nous les proposent les Pics par exemple, ou bien encore, bien entendu, ces ralentis qui nous font entrer dans l’inouï.
Et quelle ne fut pas ma surprise de recevoir, dans les temps qui suivaient, une véritable avalanche de partitions en cours d’élaboration : Une composition trouvant son matériau thématique dans le ralenti du chant d’un Troglodyte mignon, une musique répétitive avec Mbira sur un duo de Gonoleks à ventre blanc, une conversation grivoise entre une clarinette et une Grive draine, un duo métallophone et Rousserolle effarvatte, et même une java développant le chant pentatonique du Tichodrome échelette… et puisque j’étais moi-même associé à la fête, je composai Archéoptéryx sur le mode électroacoustique à partir de nombreux sons instrumentaux récoltés au cours des nombreuses répétitions et séances de studio… Ces pièces adoptaient des titres riches en promesses : Arpèges forestières, Migration, Angry birds … même l’Effraie des clochers allait trouver sa place dans les salles de concert .
La mise en place de tout ce répertoire se fit principalement au cours d’une résidence de plusieurs jours d’une grande densité dans une grande maison mise à notre disposition, dans laquelle nous répétions, vivions, logions, déchargés de toutes contraintes matérielles. Les chants d’oiseaux enregistrés et les paysages sonores naturels se mêlaient aux instruments avec de plus en plus d’évidence. Nous préparions un premier concert à Saint Aupre, en Isère, coréalisé par Voiron Jazz festival, les Détours de Babel, le Parc Naturel Régional de Chartreuse et La Forge suivi par une autre représentation à la Villa Gillet à Lyon.
Par la suite, au fil de diverses représentations, ce concert/spectacle pris plusieurs formes :
La version en quintet + ornitho telle que nous la pensions à l’origine (à l’Hexagone de Meylan), et surtout plusieurs versions mélant des parties concerts dans lesquelles s’imbriquaient des fragments de conférence ornithologiques que nous appellions concert/férences .
Ces concert/férences, depuis, se déclinent de diverses manières : trio piano, clarinette, contrebasse + ornitho, mais aussi l’ornitho seul en duo avec l’un des trois musiciens de la Forge et cela dans des situations très variées :
Concert/férences scientifiques, comme au musée des Confluence de Lyon pour la fête de la science.
Concert/férences en salle de concert avec les Détours de Babel dans le cadre des brunches
Concert/férences en visio confrérence avec l’Hexagone de Meylan (comme pour les Ephads pendant le confinement)
Concert/férences dans les Ehpads (la Côte Saint André par exemple)
À partir de là, sortir un CD s’imposait, et cela, tout naturellement, et cela s’est fait dans studios des Tontons Flingueurs :
Ici ne s’arrête pas l’aventure : il nous reste encore de nombreuses représentations à assurer, de nombreux festivals à visiter et surtout de nouvelles formules à concevoir, expérimenter, comme celle d’une création radiophonique par exemple !
Ou encore développer une série de petits duo “ CONVERSATIONS” entre un instrument et un oiseau à enregistrer ou à proposer en concerts…