Le Jardin Sonore de Pistoia.

Un projet de création

Originellement imaginé pour le Palazzo Strozzi, retardé par les années Covid, le Jardin Sonore a été composé pour les jardins du Palazzo Fabroni de Pistoia, ville toscane très proche de Florence, qui abrite un musée dédié aux arts du 19ème siècle et de la période contemporaine. Il y a quelques années, la cour centrale du musée a été transformé en “jardin d’auteur”, pensé comme une oeuvre d’art propre à accueillir des concerts et des installations sonores au cœur de la ville.

C’est précisément dans ce jardin d’auteur que Tempo Reale organise régulièrement des “actions sonores” très diverses parmi lesquelles des concerts, installations, musiques et performances instrumentales, diffusions de paysages sonores etc.
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Si la Toscane m’est devenue aussi familière, c’est en grande partie grâce aux diverses activités que j’ai pu y développer dans le cadre de relations fréquentes avec le studio Tempo Reale fondé en 1987 par le compositeur Luciano Berio et actuellement dirigé par Francesco Giomi.

Du projets européens Listening cities en passant par diverses formations à la prise de son naturaliste, aux nombreux concerts en différents points de lac ville, dont Lumières d’automne sur l’Arno à l’occasions des 60 ans de l’Alluvionne et bien sûr la création du Cantique des Créatures, Tempo Reale m’a fourni nombre d’occasions d’approfondir et de réfléchir la création électroacoustique liée à l’audionaturalisme et l’ornithologie. Le Jardin Sonore de Pistoia me permet tout naturellement de présenter en un seul objet musical une sorte de synthèse de nombreuses années de recherche et de composition, l’aboutissement tout naturel d’un chemin emprunté il y a déjà bien longtemps.

Il s’agit donc ici, pour moi, de résumer en un seul concert ces trois relations au son naturel que sont le paysagisme, le portrait d’oiseau, la composition ornithologique.
Présenter à l’écoute trois postures :
– Le chant de la nature comme seule matière sonore et thématique pour la composition d’un paysage acousmatique
– Le chant d’un seul individu à l’état de portrait sonore comme matière seule pour une composition, ou avec, en miroir, un dialogue, un contrepoint électroacoustique
– Le chant d’oiseau placé en duo avec des instrumentistes.

L’installation préconisée par Tempo Reale et son directeur technique Francesco Canavese comportant 10 haut-parleurs disposés tout autour du jardin, il me faut donc adapter sur 10 pistes un répertoire originellement composé en stéréo, 4 pistes ou encore 8 pistes… tout ceci impliquant un retour sur les sessions originales heureusement bien conservées dans mes archives. La composition pour un espace de concert, pour une écoute immersive, apparait alors comme le démontage de tout ce qui était écrit pour une stéréophonie, y compris sa profondeur de champ… mais qu’une nouvelle relation est proposée à l’auditeur : pouvoir vivre et se déplacer dans ce nouvel espace recréé.

Après la rencontre avec un public arrive le moment de l’adaptation de tout l’ensemble au format d’un album OISEAUX, entrant dans la collection de Tempo Reale : Tempo Reale Collection e Altro. C’est là à nouveau un retour à une réalisation stéréophonique, plus adaptée à une écoute domestique ou radiophonique.

La suite d’un parcours :

Mais l’histoire ne s’arrête pas là !
En septembre 2024, tout un corpus de créations et expérimentations de Tempo Reale avec nombre de compositeurs italiens ou étrangers va donner lieu à la conception d’une installation sonores définitive pour le jardin d’auteur : SOUND LIFE

L’installation sonore, dont le titre s’inspire d’une des œuvres les plus emblématiques du pionnier italien de la musique informatique Pietro Grossi, est une lecture – arbitraire et partielle – de l’histoire de la recherche musicale qui a caractérisé les quarante dernières années, à travers plus de 50 fragments sonores tirés d’œuvres réalisées ou dont l’exécution a été hébergée par le centre Tempo Reale dans le passé. A cela s’ajouteront les voix de quelques personnages ayant activement et significativement croisé le parcours du centre, dont, bien entendu, celle de Luciano Berio.
L’installation développe donc sur une partition sonore englobant et rapprochant une pluralité de matériaux audio provenant des archives de Tempo Reale, restituée dans une organisation spatiale valorisant le cloître du Palazzo Fabroni au moyen de quatre dispositifs électroacoustiques originaux…
La composition de l’ensemble de cette installation sonore est due à Agnese Banti, Simone Faraci et Francesco Giomi alors que la technique est due à Francesco Canavese, Giovanni Magalio et Francesco Vogli.

Luciano Berio envisageait la composition musicale comme un processus in progress … nous y sommes !