CHANTEURS D’OISEAUX
Dans le Bus (Juin 2023)
Nous attrapons le 3 de justesse, au coin de la place des Terreaux…
Réfugiés dans la cafétéria du Musée des Beaux Art de Lyon, il nous a fallu attendre la fin d’un gros et long orage en compagnie de de Marie-Ève et Murielle, responsables des Nocturnes au Musée. La soirée était chaude, chargée, le public nombreux. Trempés, nous avons pris d’assaut ce bus bondé qui nous rapproche de la gare de la Part-Dieu. Pas de places assises… debout… dégoulinants… dans un bus qui de plus en plus sent le chien mouillé dans la moiteur d’un soir de canicule.
Jean me demande :
– Et toi, c’est quel oiseau qui te fait particulièrement vibrer ?
– Je ne sais pas… chaque jour je pourrais dire quelque chose de différent… le Troglodyte musicien ? Le Sirli du désert ? Le Grand corbeau ? Ou peut-être ceux que je n’ai jamais enregistrés… ou encore ceux que je crois bien connaitre et qui m’étonnent toujours : le Geai des chênes… les grives… la musicienne… la solitaire…
– Oh oui, la solitaire c’est un très beau chant… par moment c’est presque un chant diphonique, le timbre est tellement particulier, de la dentelle… c’est difficile… il faudrait vraiment qu’on le travaille.
Travailler… Oui c’est ça leur secret. Les Chanteurs d’Oiseaux travaillent constamment. Ils travaillent tout autant les chants d’oiseaux que leurs spectacles qui sont magnifiquement rodés. Chaque fois que je les ai entendus, c’était dans une formule différente de la précédente, un autre spectacle, avec d’autres musiciens, ou seuls.
Demain dimanche, leur train est à 6H pour un concert à Paris à midi, puis un autre à Dunkerque le soir !
Johnny se joint à nous.
Nos évoquons des souvenirs : la Baie de Somme, Marquenterre où j’ai enregistré pour mon CD “Le Matin des Oiseaux”, Abbeville, son festival et surtout son prix du film animalier lié au concours d’imitations de chants d’oiseaux pour lequel j’avais été président du jury.
À cette époque nos deux Chanteurs d’Oiseaux, déjà bien réputés dans leur région, faisaient-ils partie des candidats ? Je ne m’en souviens pas, nous étions cachés derrière un rideau en fond de scène et seul le public, très impliqué, pouvait voir les candidats qui, souvent, ajoutaient une gestuelle à leur numéro… et pourtant…
– Il faut que tu lises le livre, il vient tout juste de sortir, tout y est, tu vas voir, tu vas tout retrouver, on y raconte tout !
Dans la Drôme (Septembre 2022)
Nos chanteurs d’oiseaux sont déjà venus deux fois à Festiwild, le festival de la vie sauvage qui se tient un an sur deux à Sainte-Croix dans la Drôme.
Tous assis dans un petit champ dont la pente constitue un petit gradin, près du village déjà envahi par les festivaliers, non loin de la rivière Sûre qui chante discrètement en contrebas, en fond de scène, les enfants doivent rester immobiles et surtout se taire, observer avec leurs yeux et leurs oreilles… aucun bruit.
Le silence ? C’est l’absence de bruit, mais aussi de mouvements inutiles, c’est une immobilité confiante.
On n’entend quasiment rien… un tracteur au loin, une voiture qui passe sur la route… la rivière… des voix lointaines qui s’interpellent et derrière tout ça, ou plutôt devant, si l’on est bien attentif, quelques petits sons furtifs, à peine perceptibles, proches ou lointains. Nos deux chanteurs sont aux aguets, les enfants sont comme captifs, captivés par leurs attitudes et sont eux-mêmes aux aguets.
Soudain Jean désigne du doigt une direction et murmure : “Pie grièche !” Les têtes se tournent, mais ne voient rien. Il a juste indiqué la direction d’un son très bref ! Puis il désigne une autre direction : “Rouge queue noir…” Toutes têtes se tournent. Il ajoute à voix très basse : “Près de la cheminée de la grande maison”. Les enfants scrutent, s’agitent un peu, trouvent enfin. On perçoit juste une phrase ou deux, lointaines, mais bien réelles.
Johnny à son tour désigne d’un geste de la main… “Mésange charbonnière (c’est juste une alarme), elle va venir dans le grand tilleul ; Juste au-dessus de vous… ”
Johnny, à son tour, alarme comme le font souvent les mésanges… l’oiseau se met en mouvement et vient se placer plus près de nous dans un noyer. Les enfants retiennent leur souffle. Moi aussi.
Johnny continue, insiste un peu.
“Pic vert !” Susurre Jean en désignant la rivière.
On ne sait plus où donner de la tête.
Johnny continue ses échanges avec la mésange qui, de branche en branche, se rapproche en alarmant, jusqu’à venir se percher dans le tilleul, juste au-dessus de nous !
Les enfants sont subjugués, tout autant que les accompagnateurs. C’est comme s’ils pouvaient leur parler et leur demander quelque chose de précis !
Jean de son côté, continue à suivre le Rouge-queue noir qui est venu se percher au fait d’un toit, de l’autre côté du chemin, derrière nous…
Les Chanteurs d’Oiseaux nous expliquent que c’est comme ça qu’on commence… en écoutant, en observant très attentivement, souvent seul et silencieux.
Puis nous formons deux groupes d’enfants, ceux qui vont enregistrer avec moi, et ceux qui vont continuer avec les Chanteurs d’Oiseaux, puis nous échangerons.
Je pars donc avec 6 ou 7 enfants, pas très loin. Ils apprennent à manipuler l’enregistreur et surtout la parabole.
À mon tour je leur désigne des directions. Ils pointent le micro dans la direction et une fois encore s’émerveillent. À chaque fois, je leur donne le nom de l’oiseau que nous écoutons et enregistrons quelques secondes, juste pour écouter plus tard, et nous souvenir.
Nous retrouvons le Pic vert dont nous nous sommes rapprochés, puis des Mésanges bleues et charbonnières …
-Puis les enfants m’indiquent une direction ; J’écoute… “un Goéland cendré ! ”Et j’ajoute : “non ce n’est pas ça, c’est certainement un chanteur d’oiseaux là-bas qui nous fait une blague !” Pourtant le son est très crédible.
-Pourquoi tu dis que c’est eux ?
-Parce qu’ici il n’y a pas d’oiseaux de mer.
À la fin de la séance, les Chanteurs nous demandent :
– Alors tout s’est bien passé ? Qu’avez-vous entendu ?
– Des mésanges, des Pics verts, le Rouge queue et même un Goéland cendré.
– Un Goéland ? Non… vous trichez ! Il ne peut pas y en avoir ici.
Les enfants ont de plus en plus de respect envers ces deux personnages qui non seulement ont de l’humour mais qui savent tout sur les oiseaux de leur propre village.
Et c’est bien là la vérité ! Ils ne sont pas seulement des bons imitateurs, ils connaissent aussi des quantités de choses sur les oiseaux, leur mode de vie, les espaces qu’ils colonisent, de quoi et comment ils s’alimentent etc. Ils sont tout simplement de véritables ornithologues, et ils savent mettre tout ça en scène !
La fin de la séance approche, nous rassemblons tous les enfants dans un endroit tranquille. Ils posent des questions aux Chanteurs d’Oiseaux :
– D’où venez-vous ?
– De la baie de Somme, au bord de l’océan.
– Il y a des oiseaux là-bas ? Autant que chez nous ?
– Bien plus ! Et pas toujours les mêmes … tenez, restez tranquilles et écoutez :
Et nos chanteurs d’oiseaux nous transportent chez eux… juste avec un concert d’’oiseaux… en Baie de Somme, au petit matin frais, même le vent prend un goût salé.
La suite dans la vidéo
Quant au livre… que vous dire ?
Bien sûr il faut le lire, c’est si facile et si simple, il vient de sortir, tout y est, ils y racontent tout.
Et enfin, si vous n’êtes pas convaincu, regardez donc cette vidéo